Accès limité au marché
du travail
Les modèles traditionnels, historiques, religieux ou culturels expliquent en partie les pratiques discriminatoires à l’égard des femmes. Des facteurs tels que la ségrégation sur le marché du travail, la disparité des rôles sociaux en termes de responsabilités familiales constituent pour les femmes des obstacles à l’exercice, à égalité avec les hommes, des droits économiques. Dans beaucoup de cas, le statut de la femme est défini par le mariage et la maternité ; en termes de gratifications sociales, le travail rémunéré est loin de rivaliser avec ces statuts.
Cette mentalité, ancrée depuis des décennies au moins dans la plupart des pays, entrave essentiellement l’accès de la femme au marché du travail.
L’avocate Marie-Rose Zalzal a mis en exergue cet obstacle lors de la commémoration hier de la Journée de la femme à l’Institut des finances (Institut Bassel Fleyhane).
« L’élimination dans de nombreux pays des barrières législatives relatives à l’accès de la femme au marché du travail n’a pas suffi à renverser la tendance en raison de cette mentalité toujours difficile à éradiquer » a-t-elle déploré.
Ce qu’il faut désormais, c’est une loi incitative, a-t-elle estimé, évoquant une loi actuellement en préparation pour imposer des quotas au Liban, un outil de pression qui facilitera l’accès de la femme aux différents postes de la vie publique.
La participation de la femme au marché de l’emploi est également déterminée par les structures institutionnelles, dont le système de sécurité sociale et le code de l’emploi qui souffrent encore de nombreuses lacunes.
Alia Abbas, directrice du département des dépenses au ministère des Finances, a mis en évidence le problème de la ségrégation professionnelle.
« Cette dernière est souvent justifiée par le fait que les femmes possèdent des qualités spécifiques qui les rendent plus appropriées à certains types de travail que les hommes », a-t-elle souligné. Ainsi, les professions de soins esthétiques, la dextérité manuelle et l’expérience dans les activités domestiques sont considérées comme des acquis propres aux femmes.
Parallèlement, l’éducation constitue également un frein à l’entrée sur le marché du travail. Par exemple, le taux d’analphabétisme chez les plus de 15 ans est de 16,1 % chez les femmes au Liban, contre 6,7 % chez les hommes.
Difficultés après embauche
Le problème ne se situe pas uniquement au niveau de l’accès au marché de l’emploi, la disparité persiste malheureusement après l’embauche.
Pourtant, il n’existe pas de loi discriminatoire sur la base du sexe quant aux montants du salaire, au droit aux crédits bancaires, et aux opportunités d’emploi et de promotion entre les femmes et les hommes. Toutefois, bien que la loi donne à la femme le droit à une rémunération égale à l’homme pour un travail de valeur égale, elle n’exige ni ne garantit l’égalité de la promotion et le passage aux grades supérieurs. L’absence de texte juridique clair et obligatoire laisse le champ libre à la discrimination entre l’homme et la femme dans le secteur privé.
Ainsi, la divergence est flagrante au niveau des salaires. À poste égal, et donc qualifications égales, les femmes continuent à être beaucoup moins rémunérées que leurs homologues masculins, et ce dans tous les secteurs. Malheureusement, les chiffres les plus récents dans ce domaine datent de 1997 (voir tableau).
La promotion est également problématique pour les femmes.
Josette Tobrawi Rached, désignée récemment procureure générale auprès de la Cour des comptes, a illustré la difficulté de la promotion des femmes au Liban. « C’est après 43 ans de travail que j’ai été désignée à ce poste occupé de tout temps par des hommes. J’ai évidemment dû travailler d’arrache-pied pour aboutir à ce stade-là », a-t-elle souligné.
Magali GHOSN
Derniers commentaires
→ plus de commentaires