Beyrouth fantôme et West Beyrouth
Dimanche 6 novembre 2005 à l' Institut du Monde Arabe, Paris.
http://www.imarabe.org/temp/films/films2005/films20051106.html
BEYROUTH 15h • BEYROUTH FANTÔME (Achbâh Bayrout) de Ghassan Salhab Liban-France (1998) couleur, 35 mm, 105'
Á la fin des années quatre-vingt, le conflit libanais semble encore s'éterniser. Khalil, un homme d'une trentaine d'années, revient à Beyrouth, après une très longue absence. Il y a plus de dix ans, lors d'un combat, profitant de la confusion, il s'était fait passer pour mort et avait disparu sous une fausse identité... Mais Beyrouth est une petite ville. La mémoire de ses habitants est intacte, la dissimulation est illusoire… Réalisation et scénario Ghassan Salhab Image Jérôme Peyrebrune Son Patrick Alex Montage Gladys Joujou, Vincent Commaret Production Idea Production Interprètes Aouni Kawas, Darina al-Joundi, Rabih Mroueh, Carol Aboud
17h • WEST BEYROUTH (Ya Ouled) de Ziad Doueiri Liban-France (1998) couleur, 35 mm, 105'
Beyrouth, 13 avril 1975. Premier jour officiel de la guerre civile libanaise. Tarek et Omar, deux adolescents vivent dans les quartiers Ouest de Beyrouth, la partie musulmane de la ville. Ils feignent d'ignorer la tragédie qui se déroule sous leurs yeux. En compagnie de May, jeune chrétienne de leur quartier, ils errent dans les rues de la ville, désoeuvrés et sans but. Naïvement, ils tentent de transformer le champ de bataille en terrain de jeux. Mais progressivement, ils sont happés malgré eux par le tourbillon de la violence… Réalisation et scénario Ziad Doueiri Image Ricardo Jacques Gale Son Nicolas Cantin Production 3B Production, Arte/La Sept (France) Interprètes Rami Doueiri, Mohamed Chamas, Rola al-Amin, Carmen Lebbos et Joseph Bou Nassar. Images : D.R. copyright © 2005 Institut du Monde Arabe, Paris.
BEYROUTH
Avec l’escale à Beyrouth, nous avons envie de soupirer Beyrouth, ô Beyrouth, titre du film de Maroun Baghdadi, tourné en 1975, juste avant la guerre civile. Une guerre qui dura quinze ans et qui laissa des stigmates quasi indélébiles dans la mémoire de la ville, de ses habitants et de son cinéma. Ghassan Salhab s’interroge, constate et espère :
« Le nom de Beyrouth viendrait d’une langue morte, le phénicien. Beroth. Puits au pluriel. Des puits d’eau? Puits oubliés? Ou encore puits sans fond dans lequel nul visage ne saurait s’y réfléchir, nulle lumière? Plus d’un seau y furent assurément jetés, plus d’un corps, plus d’une âme. Jusqu’à épuisement, mais d’un épuisement qui se renouvelle, qui n’a de cesse de se renouveler. Comme toute ville digne de ce nom, Beyrouth a été plus d’une fois conquise, ravagée, rasée, plus d’une fois reconstruite par la force des choses, puisant à chaque fois, bon gré mal gré, en chacun d’entre nous. Comment en serait-il autrement?»
Ghassan Salhab, réalisateur du film Beyrouth fantôme (1998).
Pour Ziad Doueiri, la solitude ne rime pas avec Beyrouth :
« Je ne sais pas comment définir Beyrouth. On a déjà dit tant de choses sur cette ville, pour et contre, les bons et les mauvais arguments se valent.
C’est là que j’ai grandi, avant de partir à vingt ans pour les États-Unis. J’ai quitté Beyrouth au moment où l’armée israélienne l’a quittée et un chaos total a suivi. La vie devenait insupportable. C’était aussi le moment où je devais commencer mes études universitaires, alors je me suis installé à Los Angeles. J’ai oublié Beyrouth durant une longue période et j’ai refusé d’y mettre les pieds pendant dix ans. Quelques années plus tard, j’ai commencé à retrouver des petits souvenirs qui me revenaient à l’esprit, des histoires de mon passé. Petit à petit, Beyrouth prenait une autre forme, une Beyrouth plus tendre, nostalgique et drôle. Pour moi, Beyrouth a de nombreuses facettes : le chaos, le bruit assourdissant, les présences envahissantes, le système corrompu, c’est une ville très individualiste.
Beyrouth me laisse toujours avec de nombreuses questions sans réponses, ce qui crée une profonde ambiguïté. Il paraît que la ville où l’on passe ses treize premières années nous attache pour toujours à elle. Après cela, les autres villes sont insignifiantes.
Quand je suis à l’étranger et qu’on me demande comment est Beyrouth, la première chose qui me vient à l’esprit est qu’à Beyrouth, je ne me sens jamais seul ».
Ziad Doueiri, réalisateur du film West Beyrouth (1998).
Ecrit par laurencia le Jeudi 3 Novembre 2005, 15:56 dans "ARCHIVES" Lu 2407 fois.
Article précédent - Article suivant
Derniers commentaires
→ plus de commentaires